mercredi 17 décembre 2008

Soirée(s)

LéYàK © Aenonymus

On est samedi soir, toi t’es content, t’as une soirée
Tu dois ram’ner à boire alors tu passes chez l’épicier
T’arrives au bout d’la rue t’entends déjà un beau bordel
Car trois étages au d’ssus les rires se melent aux décibels

Tu sonnes a l’interphone et derrière l’bruit t’entends une voix
T’hésites et tu t’étonnes, le mec qui parle, tu l’connais pas
Tu t’annonces quand même et l’autre te demande un mot d’passe
Il est neuf heures a peine et là-haut ils sont tous fracasses

Tu lis un petit mot scotché sur l’mur de l’ascenseur
Un truc bien comme il faut pour pas qu’on pas s’plaigne de sont auteur
Un résident s’est amusé à y poser son petit graff
Un autre a corrigé deux ou trois fautes d’orthographe

T’arrives un peu plus tard donc toutes les pièces sont occupées
Tu sens quelques regards s’poser sur toi du genre : « qui c’est ? »
On t’présente à machin - qu'paraît qu'bidule est dans l’salon -
Poli tu sers des mains mais tu r’tiendras aucun prenom

On t’indique un endroit où tu peux poser tes affaires
Un espèce de gros tas d’manteaux qu’les autres vont foutre en l’air
Dans un coin y a le chat qui te regarde d’un air bizarre
Toi tu n’attardes pas – tu veux pas perdre ta main ce soir

La musique est à fond alors tout l’monde parle super fort
Pourquoi baisser le son ? Le bruit fait partie du décor
Alors naissent des clans, chaque petit groupe a son sujet
Les hommes ont ce penchant d’vouloir toujours se regrouper

Tu t’raccroches à un mec que tu connais, tu sais pas d’où
Du coup tu fais avec et des l’début tu l’trouves relou
Aucun atome crochu et vous n’avez rien à vous dire
C’est l’bouche trou du début avant qu’tes potes daignent venir

Dans ce genre de soirée y a pas de plats mais des p’tits bols
Des trucs à picorer que l’on s’enfile avec l’alcool
On s’rue sur l’saucisson ou sur les chips dans l’saladier
Le truc qu’est vraiment con c’est qu’ca donne soif : faut picoler

Là c’est l’effet de masse mais si on zoome on peut r’marquer
Que chacun à sa place dans cette scène de société
Dans le lot j’ai le choix mais j’vais cibler ce qu’y d’mieux
Mais ne vous moquez pas car vous êtes peut-être parmi eux

Y a la nana introvertie qui reste effacée dans un coin
Elle dit rien mais sourit, elle espère qu’on lui tende la main
Elle aimerait danser mais son courage lui fait défaut
Elle désire en secret le mec là-bas près d’la sono

Y a l’mec pas très à l’aise qui fait le clown pour se détendre
Son moteur c’est la 16 : un pack entier s’est fait descendre
Il fait marrer les gens même si certains le trouve casse-couille
L’humour est un calmant qui détend ceux qui ont la trouille

Y a la nana bien droite qui n’ose pas du tout se lâcher
Elle croit qu’tout l’monde la matte et qu’on va toujours la juger
Alors elle fume des clopes, avec ses copines dans un coin
Et traite de vieille salope une inconnue qui danse bien

Y a l’pote d’un aut’e copain qui, pour le coup, connaît personne
Il reste dans son coin ou passe son temps au téléphone
C’est clair qu’il se fait chier alors pour faire passer le temps
Il s’met à picoler et fume ses clopes mécaniqu’ment

Y a la nana festive qui bouge partout et qui rigole
Limite hyperactive – certains croiraient que c’est une folle
S’il y a des confettis sois sûr qu’elle en foutra partout
L’énergie qu’elle fournit compense la léthargie des mous

Y a l’mec toujours bourré qu’essaye de parler avec toi
T’essaye de t’concenter : y à rien à faire, tu n’comprends pas
Il croit qu’ça a un sens et il arrête pas d’s’enfoncer
Des qu’il marque un silence, toi t’en profites pour te casser

Y a celle qui r’croise son ex et qu’essaye d’être naturelle
Qui s’donne un côté sexe afin que Lui ne voit plus qu’Elle
Le passé lui revient, les bons moments lui r’donnent envie
Mais elle ne fera rien… et son histoire s’arrête ici

Y a celui qu’a trop bu la tête au dessus des toilettes
Il veut garder l’dessus mais il lâche quand même une galette
Serein comme un bébé il dormira pendant des heures
Quand il va s’réveiller y aura moins d’monde que tout à l’heure

Y a ceux qui se retrouvent, qui s’étaient pas vu d’puis longtemps
Les vieux dossiers se rouvrent et ils évoquent les bons moments
Y a ceux qui se revoient mais qui s’évitent du regard
Parc’qu’ils ne digèrent pas l’embrouille qui a pourri leur histoire

Rien ne reste figé, c’est plus vivant et c’est plus drôle
De voir qu’dans une soirée on change de temps en temps les rôles
L’timide devient bavard et le bavard devient bourré
La joyeuse a l’cafard et la gentille est déchaînée

Le mec qui court partout c’est simplement l’hôte de maison
J’le respecte entre nous quand j’vois l’étendu du boxon
D’ailleurs changeons d’regard, prenons sa place rien qu’un instant
Son point d’vue sur l’histoire va nous offrir le dénouement

Les invités se barrent pour attraper l’dernier métro
C’est pas la fin d’l’histoire y a ceux qui sont v’nus en moto
le pire c’est qu’t’es crevé et t’as envie d’aller au lit
T’aim’rais bien les virer mais tu l’fais pas t’es trop poli

Alors insidieus’ment tu commences à ranger des verres
Tout l’monde s’en bat franch’ment, ils ont tendance à t’laisser faire
Tu t’dis qu’ils vont partir, il n’est pas loin d’4 heures du mat
Et tu perds ton sourire quand l’un d’entre eux veut faire des pâtes

D’un coup l’appartement est plongé dans un grand silence
Reste ce bourdonn’ment : ton crâne fait caisse de résonance
Chez toi c’est l’Arménie, on dirait un camp d’réfugiés
Tu t’étales sur ton lit et tu t’endors tout habillé

A 15 heures, tu t’réveilles y a une odeur de tabac froid
Des cadavres de bouteilles qui jonchent le sol ici et la
C’que t’avais pas r’marqué ce sont les taches sur la moquette
Y d’la bouffe écrasée et quelques p’tits trous de boulettes

Le must c’est la poubelle qui se répand même sur le sol
Ou encore la vaisselle qui se mélange au guacamol
Toi tu veux déjeuner alors tu ouvres grand ton frigo
Y a plus rien a manger… il reste quand même des packs de Kro

Les soirées c’est sympa mais t’as quand même un p’tit regret
Tes potes étaient tous là mais t’en as même pas profité
Une fois finie la fête, le plus relou c’est d’tout ranger
Une idée naît au fond d’ta tête : la prochaine fois j’f’rais un dîner

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